Forum sur les villes et les droits de l’Homme : les participants appellent au renforcement du rôle de la ville dans la promotion des droits
La thématique dite émergente de ‘la ville et les droits de l’Homme’ a attiré les foules ce vendredi 28 novembre 2014 au village du Forum mondial des droits de l’Homme à Marrakech qui s’est ouvert la veille dans la soirée. Les panélistes présents lors de ce débat ont réussi à éplucher les différentes facettes de cette thématique, en naviguant entre les normes internationales et les spécificités locales. L’objectif étant de proposer des pistes de réflexion visant à promouvoir, développer et renforcer le rôle des villes dans la défense des droits de l’Homme, faire un état des engagements pris et des réalisations sur le terrain et réfléchir sur les perspectives d’action à entreprendre et les moyens qu’il est nécessaire de mobiliser pour les atteindre.
M. Mohamed Ameur, ancien ministre, député et universitaire qui a présidé cette rencontre a planté le décor en situant la thématique dans son contexte international. Pour M. Ameur, la prise de conscience internationale de la nécessité d’un cadre normatif régissant la cité s’est traduite par l’adoption de plusieurs chartes dont la plus récente reste la charte ‘agenda des droits de l’homme dans la cité’. Une charte qui a fixé douze droits fondamentaux et propose un plan d’action pour chaque catégorie de droit, mais dont la mise en œuvre reste loin des objectifs escomptés.
Pour sa part, M. Mohamed Chafiki, Directeur des études et prévisions financières au ministère de l’Economie et des Finances, le constat est sans appel. Il y a une crise mondiale où le tribut payé par les villes est lourd en termes de détérioration de l’urbanisation et de la qualité de vie, et en termes de prolifération des inégalités et d’exclusions. Selon M. Chafiki, les voix de sortie de crise passent nécessairement par des réponses où les droits de l’Homme constituent un vecteur déterminant pour fonder une nouvelle forme d’organisation qui intégre les droits humains, le développement durable et la démocratie participative. L’appréciation des besoins spécifiques des citoyens, l’adoption par les villes de systèmes d’information régulièrement alimentés par les élus et la société civile et l’utilisation des nouvelles technologies d’information (ville connectée) constituent également des réponses positives à cette crise.
Cette rencontre a été l’occasion de s’arrêter sur des expériences vécues tant au Maroc qu’à l’étranger. C’est le cas de l’expérience belge de la ville Ottignies-Louvain-la-Neuve qui a été relatée par M. Jacques Benthuys, ancien bourgmestre et 1er échevin honoraire de la ville. Une ville qui a adopté la Charte ‘agenda des droits de l’homme dans la cité’ et qui s’est traduite par plusieurs décisions de proximité dont celles de donner l’appellation ‘droits de l’Homme’ à certains avenues ou monuments, l’organisation du festival ‘voix des libertés’ pour promouvoir les droits de l’Homme, la sensibilisation des enfants aux droits de l’Homme etc.
Bien que s’inscrivant dans une toute autre logique, l’expérience de la commune de Tata présentée par son président M. Lahbibi est tout aussi significative. Avec l’aide de la coopération étrangère (Agenda 21), la commune a réussi à doter la ville d’infrastructures de base, dont un hôpital, une salle urbaine, une gare routière, un dispensaire, une école, des maisons de la femme et de la fille etc.
La rencontre s’est soldée par l’adoption de plusieurs recommandations qui visent à garantir le développement des villes dans le respect des droits humains. Les participants ont souligné notamment l’importance des initiatives modestes mais concrètes, la création de commissions des droits de l’Homme au sein des Conseils communaux, l’importance de la connaissance et la mise en place d’observatoires dans les villes, l’élaboration d’un guide pour l’intégration des droits de l’Homme dans les politiques publiques, garantir la continuité dans la mise en œuvre des politiques de la ville, encourager la régionalisation, la décentralisation et la déconcentration, organiser le réseautage des associations…
Cette rencontre a été organisée par le CNDH, l’organisation ‘Cité et gouvernements locaux unis Afrique’, le Programme francophone d’appui au développement local (Profadel), le ministère de l’Intérieur, et l’association marocaine pour des éco-villes.