Les droits de l’Homme entre les partisans de l’universalisme et du relativisme
La participation du Conseil national pour les droits de l’homme et ses partenaires lors de la cinquième journée du Salon international de l’édition et du livre a été une fois de plus caractérisée par un riche programme couvrant les thèmes suivants : « Le droit de pétition et initiatives législatives », « La querelle des universalistes et des relativistes en matière de droits de l’Homme" et la situation en Syrie.
Les participants à la table ronde sur "le droit de pétitions et initiatives législatives », présidée par Mme Nadia Bernoussi, membre de la Commission consultative pour la révision de la constitution, ont cherché à définir et expliquer le principe de l’initiative législative qui confère aux citoyens le droit de présenter des pétitions. La nouvelle constitution stipule dans les articles 14 que « Les citoyennes et les citoyens disposent, dans les conditions et les modalités fixées par une loi organique, du droit de présenter des propositions en matière législative », et dans l’article 15 que « les citoyennes et les citoyens disposent du droit de présenter des pétitions aux pouvoirs publics. Une loi organique détermine les conditions et modalités d’exercice de ce droit ». Dans ce cadre, M. Karraky, professeur de sciences politiques a fait remarquer que le droit à l’initiative législative et la présentation des pétitions ne concerne pas les organisations qui encadrent les citoyens, de même que le législateur n’a pas définit clairement les secteurs publics auxquels seront adressées ces pétitions.
De son côté, M. Kamel Lahbib, Secrétaire général du Forum des alternatives Maroc (FMAS) a considéré que la constitutionnalisation de la présentation des pétitions est de nature à élargir le domaine de la participation politique. En effet, a-t-il dit, « eu égard à la faiblesse de la syndicalisation des ouvriers et des fonctionnaires et en l’absence de l’encadrement des mouvements populaires par les partis politiques, nous avons proposé, dans le cadre du débat sur la constitution, d’accorder aux sans-voix, la possibilité de s’exprimer à travers les pétitions et les initiatives législatives ». Les participants ont en dernier lieu souligné l’importance d’impliquer la société civile dans l’élaboration des lois organiques relatives aux pétitions et la nécessité de s’imprégner des bonnes pratiques internationales dans ce domaine.
Même espace mais autre réunion. Le stand du CNDH a abrité une rencontre sur " la querelle des universalistes et des relativistes en matière de droits de l’Homme » animée par le Pr. Moustafa Laârissa, président de la commission régionale des droits de l’homme de Marrakech avec la participation de Mme Mireille Delmas-Marty, professeur de droit à l’Université de Paris et de M. Mohamed Sghir Janjar, professeur universitaire et spécialiste en anthropologie sociale et culturelle. Dans ce cadre, Mme Delmas-Marty a considéré que « si l’approche universaliste regorge de faiblesses, s’accrocher à la seule spécificité est un fait dépassé, proposant l’adoption d’un pluralisme ordonné, une solution qui se base sur un cadre légal général mais pluraliste qui n’exclut pas les divergences ».
Pour sa part, M. Janjar a précisé que "ce problème n’était pas présent dans les pays arabes au moment de la mise en place du système de droits de l’homme, mais ce n’est qu’après l’adoption de l’universalisme que sont apparus les défenseurs du relativisme", ajoutant que "l’effort continu visant à l’harmonisation et l’hybridation entre les principes de l’universalité des droits de l’homme et la spécificité locale peut nous aider à dépasser cette querelle. "
Enfin la situation en Syrie a été au centre du débat sur le printemps arabe. Animée par M. Abedelkader Azrii, président de la Commission régionale des droits de l’homme de Rabat, Kenitra, en présence de Kawakibi Salam, chercheur syrien en sciences politiques et relations internationales et Radwan Ziadeh, directeur du bureau des relations étrangères du Conseil national syrien et la romancière Salwa Al Neimi, cette rencontre a été l’occasion pour faire la lumière sur la situation en Syrie.
Les participants ont ainsi souligné l’urgence de mettre fin aux violations graves contre le peuple syrien et la nécessité de reconstruire le pays après la révolution, en mobilisant tous les acteurs syriens et les compétences qui croient en la démocratie et les droits de l’homme.