Appel à l'élimination de toutes les formes de stigmatisation et de discrimination contre les usagers de drogue
Le Conseil national des droits de l'homme, en partenariat avec l'Association de lutte contre le sida (ALCS), l’association Hasnona et l'association RdR-Maroc de réduction des risques liés à l'usage des drogues, a organisé, le mercredi 26 octobre 2011 au siège du Conseil, une conférence nationale sur le thème « Pour une nouvelle approche des usagers de drogues fondée sur la santé et les droits humains ».Dans une allocution prononcée à l'ouverture de cette rencontre, le Secrétaire général du Conseil, M. Mohamed Essabbar, a indiqué que ce séminaire se tient dans un contexte général marqué par le lancement de grands chantiers dans le domaine des droits de l’homme, notamment la nouvelle Constitution qui consacre les droits de l'homme dans leur universalité et leur indivisibilité. Ainsi, l’article 31 de la constitution consacre expressément le droit aux soins de santé qui est directement liée à l'objet de la conférence.
M. Essabar a souligné, à ce propos, que le Conseil est devenu une institution nationale, constitutionnelle, indépendante et pluraliste s’acquittant de toutes les questions relatives aux droits humains et aux libertés au Maroc. Ses attributions couvrent la promotion et la protection des droits de l'homme ainsi que l'enrichissement de la pensée et le dialogue sur les droits humains et la démocratie. Parmi ses prérogatives également, la promotion de l'approche des droits de l’homme dans les différentes politiques publiques et le système juridique.
« Le Conseil considère que la stigmatisation et la discrimination sont des violations des droits humains qui doivent être éliminées par tous les moyens disponibles » a-t-il dit.
Il a indiqué que la lutte contre la stigmatisation et la discrimination à l’égard des catégories les plus vulnérables au SIDA et celles soufrant d’exclusion sociale dont les usagers de drogues injectables, ainsi que la volonté de contribuer à leur garantir l’accès aux soins, sont les principales raisons qui ont incité le CNDH à conclure ce partenariat avec le Programme commun des Nations Unies de lutte contre le SIDA, le Ministère de la Santé et l'UNESCO.
Dans ce cadre, le Conseil national a organisé une journée d’étude sur le rôle des institutions nationales des droits de l'homme dans la stratégie nationale de lutte contre le sida, à laquelle ont participé des représentants du secteur gouvernemental et de la société civile œuvrant dans le domaine, afin de formuler un projet de plan d'action visant à renforcer l'approche des droits humains dans la stratégie nationale de lutte contre cette épidémie.
De son coté, le représentant du ministère de la Santé s’est félicité du partenariat avec le CNDH et avec les associations thématiques œuvrant dans le domaine de lutte contre le Sida et de réduction des risques liés à l’usage de drogue. Il a également mis en exergue les efforts déployés par le Maroc dans la lutte contre les épidémies, en général.
Le représentant du ministère de la santé a mis en avant à cet égard les principales dispositions du programme national de lutte contre le sida, de la stratégie nationale pour la lutte contre le Sida et de la stratégie de réduction des risques liés à l’usage de drogues.
En effet, précise le responsable du ministère de la santé, le non respect des droits de l’Homme, auquel s’ajoutent plusieurs facteurs économiques et sociaux, contribue à la propagation de l'épidémie de sida et augmente le risque de contamination par le VIH. Il est important donc, selon le même responsable, d’intégrer une approche basée sur le respect des droits humains dans l’élaboration des stratégies nationales de lutte contre le sida et l’usage de drogues.
Il a souligné également que ce séminaire sera l'occasion d'élaborer des recommandations pour guider la stratégie nationale en intégrant l’approche « droits de l’Homme » dans la riposte nationale contre le Sida, notamment à la veille de la stratégie nationale 2012-2016.
Pour sa part, le représentant du Programme commun des Nations Unies de lutte contre le sida au Maroc, considère que le choix de l’usage de drogues et la santé publique comme sujet de cette conférence témoigne de la volonté de renforcer la stratégie de réduction des risques au Maroc et de garantir aux usagers de drogues injectables l’accès aux services de prévention et de traitement dans le plein respect de leurs droits fondamentaux.
Le représentant de l'ONU n'a pas manqué de rappeler la vision du Programme commun des Nations Unies sur le sida, qui vise à prévenir de nouvelles contaminations ou décès causés par cette maladie ainsi que l’élimination de toutes formes de discrimination et de stigmatisation, notant que le taux de consommation de drogue continue de s’élever, notamment au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ce qui nécessite l'adoption d'une stratégie globale et efficace pour réduire le risque d’atteinte, ayant pour base le respect des principes des droits humains.
Pour sa part, la présidente de l’association de lutte contre le sida a souligné qu'il est nécessaire et urgent d'engager une réforme du système politique et juridique liés à la lutte contre le sida et l’usage de drogue, insistant en même temps sur la nécessité de lutter contre le trafic de drogue, le crime organisé, le blanchiment d'argent et la corruption.
La présidente de l'association, a souligné, en outre, que l’incrimination de l'usage de drogues et la stigmatisation des usagers entravent l’accès aux services de prévention et de soins, considérant que les politiques fondées sur le principe de l’incrimination sont inefficaces, coûteuses et infructueuses. C’est la raison pour laquelle, poursuit-t-elle, il est essentiel de convaincre les autorités de la nécessité d'adopter des réformes à tous les niveaux et d'adopter une approche basée sur les droits humains pour prévenir les violations.
Les participants à cette conférence, qui avait comme objectif de sensibiliser les décideurs et l’opinion publique sur la nécessité d’améliorer les conditions de vie des usagers de drogue et de lutter contre la stigmatisation dont ils sont victimes au quotidien en vue de garantir la réussite des politiques de réduction des risques de contamination par le VIH (sida) auprès de cette catégorie, ont formulé plusieurs recommandations dont notamment :
- Adopter des politiques permettant de considérer les usagers de drogue comme des patients et non comme des criminels, et de reconnaitre leur dignité et leur humanité.
-Assurer l'accès aux services de prévention et de traitement et aux services de soins de santé pour les usagers de drogues mis en garde à vue ou en prison.
- Lancer un débat en vue de promouvoir une politique de réduction des risques liés à l’usage de drogues.
- Améliorer et garantir le libre accès aux services de traitement, aux services spécialisés en toxicomanie, et aux thérapies alternatives, afin d’assurer le traitement psychologique et social global des usagers de drogue.
- Garantir le respect des usagers de drogues (hommes et femmes) et les protéger de la violence et de la stigmatisation.