Cinquième jour du SIEL: Le stand du Conseil aborde des questions liées aux valeurs, au développement inclusif, à l'immigration, à la citoyenneté et à la justice
Le rideau est tombé sur la cinquième journée de Salon international de l’édition et du livre (SIEL) et une nouvelle page a été tournée sur le riche et varié programme proposé par le stand du CNDH et ses partenaires.Au centre de cette journée, une profusion de thèmes avec laquelle le public a interagi de façon remarquable, le Maroc et la question des valeurs, le handicap et le développement inclusif, le Conseil supérieur de la magistrature, l'immigration, la citoyenneté ...,
Les valeurs, une question soulevée dans les différentes sociétés, mais qu’en est-il au Maroc? Ont-elles disparues ? Le discours des Marocains sur les valeurs appartient-il au passé? Peut-on parler aujourd'hui d’une crise des valeurs? ... La réponse est par la négative, ont déclaré les participants à une rencontre abritée par l’espace conférences du stand du CNDH, dont la modération a été assurée par M. Noureddine ZAHI, membre de la commission régionale des droits de l'Homme de Casablanca-Settat.
Pour M. Mohamed Cheikh, académicien et chercheur, le champ des valeurs connaît des fluctuations, précisant que la question des valeurs est dialectique entre ce qui est absolu et ce qui est relatif. Il considère les valeurs comme un chantier ouvert et une question fondamentale qui doit être résolue par le dialogue et le débat, appelant à la nécessité de parvenir à un consensus et un compromis, afin de laisser le champ libre aux valeurs émergentes. De son côté, M. Mokhtar Abdellaoui, académicien, chercheur et membre de la même commission régionale, estime que le Maroc traverse une période de transition, en basculant de la logique de l’allégeance à celle du mérite, ce qui donne à l’individu le droit à la pensée, à la différence et à la prise d'initiative, une logique basée sur l'efficacité, l'efficience et la compétence ...
Dans le volet " dynamique des commissions régionales des droits de l'Homme», c’est la Commission d’Al-Hoceima–Nador qui était l’honneur durant cette journée. Elle a abordé la question de l'immigration, érigée en priorité dans son plan d’action annuel, du fait de sa situation géographique de la ville et de l’ampleur du phénomène sur le plan humanitaire dans la région.
À cet égard, afin de clarifier ce phénomène et son impact sur la situation humanitaire des migrants issus de l’Afrique sub-saharienne, M. Abdesslam Amakhtari et M. Mohamed Almorabiti, tous deux membres de ladite commission, ont abordé la situation de cette catégorie dans l’Oriental, à travers des chiffres et des statistiques qui reflètent une augmentation constante du nombre de migrants dans la région pour des raisons soit économiques, politiques, sociales ou de sécurité ... Ces facteurs sont souvent liés à la pauvreté, aux conflits politique dans l’Afrique sub-saharienne, aux conditions climatiques sévères qui les poussent à l’émigration, tous groupes d'âge confondus : mineurs, jeunes, femmes, femmes enceintes, etc. Ces personnes sont contraintes de vivre dans des conditions inhumaines aggravées par l'absence de textes juridiques clairs, à même de leur assurer protection et assistance, ainsi qu’un traitement plus humain fondé sur une approche droits de l’Homme.
La nécessité a été également soulignée en vue de renforcer les sanctions à l’encontre des réseaux d'immigration clandestine et de répondre aux défis qui se posent à ce niveau là, notamment à la lumière de la nouvelle Constitution marocaine qui a traité plus particulièrement de la question de l'immigration et des étrangers, en leur accordant plus de droits par rapport aux constitutions antérieures.
Dans le volet "Handicap", Mme Soumiya EL AMRANI, membre du Conseil national des droits de l'Homme, a abordé le thème "du handicap et du développement inclusif". Elle a considéré que le manque d'intégration des personnes en situation de handicap dans le développement entrave la réalisation des objectifs du développement pour le millénaire. Elle a, de ce fait, fait référence à deux recommandations émanant de l'Assemblée générale de l'ONU, dont la première appelle les gouvernements à adopter des programmes de développement qui intègrent les personnes autistes et leurs familles dans les programmes de développement et les politiques publiques, et la seconde à intégrer la question du handicap dans toutes les consultations sur les objectifs du développement pour le millénaire au-delà de 2015, car au niveau international, il s’est avéré qu’il n’y a pas de développement sans l'intégration des personnes en situation de handicap.
Il a également été appelé à la nécessité d'unifier le discours, à la fois entre les différentes associations de la société civile engagées dans ce domaine ou entre ces associations et les institutions gouvernementales intervenant dans ce dossier, en plus de l'adoption par l'Etat et la société d’une approche fondée sur les droits de l’Homme plutôt que sur la charité (quoiqu’elle entre dans le cadre de la Solidarité). En effet, cette approche demeure la plus globale car elle ne perçoit pas l'individu à l’aune de ses besoins individuels seulement, mais aussi dans ses rapports avec la société, les institutions et les lois. Il y a lieu aussi d'humaniser le handicap plutôt que de le camoufler, autrement cela conduirait à son absence des politiques publiques, des programmes et des budgets, chose qui ne pourrait qu’aggraver la situation de cette catégorie de personnes et les empêcher d’obtenir leurs droits les plus fondamentaux.
Les personnes intéressées par le domaine judiciaire avaient rendez-vous durant cette même journée avec une rencontre sur le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, en tant que mécanisme de protection essentiel des droits et libertés et un levier de développement.
M. Mohamed Essabbar, secrétaire général du Conseil national des droits de l'Homme a rappelé à cette occasion que le mémorandum élaboré récemment par le CNDH sur la loi organique du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, et le rôle important de cette institution dans les chantiers de réforme de la magistrature, s’inscrit dans le cadre de l’accompagnement par le CNDH du débat public sur la réforme du système judiciaire, et ce dans la perspective de l'adoption d'une justice impartiale qui sert les intérêts des justiciables.
M. Mohamed Essabbar a fait savoir que la loi organique relative au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire est basée, sur le plan normatif, sur un certain nombre de textes de références, y compris la nouvelle Constitution marocaine, l'article 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, régissant les procédures d'un procès équitable et les principes fondamentaux de la magistrature, tels qu’ils sont ratifiés par l'Assemblée générale des Nations Unies, etc.
Parmi les propositions avancées par le CNDH dans ce mémorandum, la promulgation d’une série de lois garantissant l'indépendance financière et administrative du Conseil supérieur de la magistrature. Il s’agit également d’assurer une représentativité équitable pour les femmes magistrats, conformément aux dispositions de la Constitution en matière de parité. Le mémorandum a également tenté de définir les droits et les obligations des membres du Conseil, afin qu’ils exercent leurs missions en toute indépendance, impartialité et intégrité, avec respect du secret professionnel.
Dans le cadre des activités "Carte blanche" (la citoyenneté dans le cercle du débat), le Conseil a reçu M. Mohamed Ayadi, professeur de sciences sociales et d'histoire politique du Maroc contemporain à la Faculté des arts et des sciences humaines d’Aïn Chock, Casablanca et membre du Centre marocain des sciences sociales, qui a souligné que le concept de citoyenneté ne fait pas de discrimination entre les citoyens sur la base de la religion, de classe sociale ou autre, et qu’il est l'un des symboles de la démocratie et de l'Etat moderne.
M. Ayadi a distingué entre trois types de citoyenneté: la citoyenneté civile qui englobe les libertés fondamentales comme la liberté d'expression et l'égalité devant la loi ; la citoyenneté politique, qui repose sur la participation politique et le droit de vote et d'éligibilité ... et la citoyenneté sociale qui repose sur les droits économiques et sociaux. Toutefois, la citoyenneté implique des droits et des obligations, dont les plus importantes, ajoute notre invité, est l’acquittement de ses impôts, qui est symbole de citoyenneté et de respect de la loi...
La citoyenneté repose sur trois valeurs, à savoir la décence et le respect (respect d’autrui, des lieux et des espaces), le respect de la loi et la primauté de l'intérêt public, ainsi que la solidarité.
Pour rappel, le stand du Conseil national des droits de l'Homme, l’Instance centrale de prévention de la corruption et le Conseil de la concurrence ont abrité, en plus des activités mentionnées, une rencontre avec M. Abderrafi Lahbabi, architecte et professeur à l'Ecole d'Architecture de Casablanca, qui a présenté son livre coécrit avec M. Mohamed Ben alkhader, sur l'architecture dans la région du Rif. L'espace commun a également accueilli une présentation d’une étude menée par le Conseil de la concurrence sur «les produits subventionnés dans le cadre du système de compensation» ainsi qu’une rencontre animée par M. Mohamed Khalid Laraichi, secrétaire général de l'Instance centrale de prévention de la corruption sur les "principaux événements dans le domaine des droits de l'Homme et de la corruption."