Lecture de la Charte africaine des droits de l’Homme : Un instrument perfectible en vue de mieux répondre à la demande de justice des victimes
La Charte africaine des droits de l’Homme a été au centre d’une table ronde organisée le samedi 10 février 2018 par le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) dans le cadre de ses activités à la 24ème édition du Salon international de l’édition et du livre qui se poursuit jusqu’au 18 février 2018.
Après avoir réintégré l’Organisation de l’union africaine et en attendant la ratification par le Maroc de la charte africaine des droits de l’Homme, le CNDH a voulu jeter la lumière sur le système africain de protection des droits de l’Homme et sur le fonctionnement de ses différents mécanismes afin d’en évaluer les avantages et les insuffisances.
Pour débattre de cette thématique, le CNDH a réuni autour d’une même table, Mabassa Fall, professeur de sciences politiques à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et représentant permanent de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme auprès de l’Union africaine, Hatem Essaiem, Commissaire auprès de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples, et Nwanneakolam Vwede-Obahor, représentante régionale du Haut-commissariat aux droits de l’Homme au Bureau de l’Afrique-Est à Addis-Abeba.
Lors de cette table ronde modérée par Khalid Ramli, chef de section à la direction de la coopération et des relations internationales au CNDH, les différents participants ont mis en exergue la spécificité de la Charte par rapport aux instruments onusiens, américains et européens. Contrairement à ces derniers instruments, la Charte africaine, qui n’a été adoptée que tardivement, en 1981, rassemble tous les droits dans un souci de capter l’esprit communautaire africain.
L’ultime objectif lors de l’adoption en 1981, était de conjuguer la paix, la sécurité et la justice, un triangle de base pour construire un espace respectueux des droits humains dont les principes ont une portée universelle. Trente-cinq ans après son adoption, il demeure légitime de s’interroger sur l’effectivité de cette charte ? Est-ce qu’elle contient des principes à portée universelle ? Comment répondre à la demande de justice des victimes ? Comment garantir la non-répétition des violations ? Comment renforcer la pratique de cette charte dans les pays africains ?
La réponse des différents intervenants est unanime. En dépit de toutes les critiques qu’on peut lui adresser, la Charte africaine des droits de l’Homme reste un bon instrument qui protège. Certes, il n’est pas parfait, mais il est perfectible. Cela a été fait pour les droits des femmes avec l’adoption en 2003 du protocole à la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique et ça reste faisable pour d’autre catégories de droits, concluent-ils.